Les fosses d'aisances ...
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Dès le début du siège, les bombardements ont mis les égouts hors d'usage. Et les responsables n'ont pas jugé bon d'accorder la priorité à la remise en état des canalisations et des stations de pompage et de filtrage. On enterre donc les excréments ou on les rassemble dans des maisons où ils gèlent, ce qui écarte tout risque immédiat d'infection.
Pourtant, il faut bientôt se résoudre à creuser des fosses d'aisances. Les femmes et les enfants s'y emploient, mais certains sont si faibles qu'ils s'écroulent, tombent dans le trou qu'ils vien­nent d'achever et meurent, aussitôt recouverts par le contenu des tinettes charriées dans les rues.
Lorsque cela se produit, note une femme qui a souvent assisté à de telles horreurs, tout le monde se précipite et fouille les immondices pour retrouver la carte d'alimentation du défunt, non point avec l'idée de la voler, mais parce que ce document, remis aux services publics, représente une augmentation infime de la ration alimentaire de chacun.
Malgré tout, les travaux les plus durs sont aussi les plus recherchés. On juge honteux de vivre dans l'oisiveté en mangeant le pain des gens utiles, mais il faut bien dire aussi que plus on travaille dur, plus les allocations de vivres sont importantes. Pourtant, même dans les équipes de travailleurs ou dans l'armée — privilégiée à cet égard — on meurt beaucoup de faim pendant les trois mois tragiques: octobre, novembre et décembre 1941.
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Le siège de Léningrad